Marianne Mille et une couleurs !
Vivre sans musique ..impensable pour Marianne Mille dont le répertoire a accompagné nos années 60 ! En plus des chansons personnelles, il y a aussi ce qu'elle aime elle : des chansons venues d'ailleurs "colorées", des musiques du monde ... Un merveilleux prétexte pour la faire parler...d'elle, du passé , d'aujourd'hui ... Rencontre avec Marianne Mille
Un père chanteur lyrique, une mère compositeur…était-il écrit que vous aussi aviez la « veine » musicale ?
Disons qu’elle était génétique puisque mes parents étant divorcés, je vivais chez ma grand-mère. A cette époque on écoutait la radio : RTL et des chanteurs comme André Claveau dont j’avoue je n’appréciais
pas vraiment les chansons contrairement à ma grand-mère. Il y avait aussi les chroniques judiciaires de Geneviève Tabouis qui que je sache n’a jamais suscité de vocation
musicale !
Heureusement il y avait un piano à la maison et très jeune j’ai eu droit à
des cours .Je les prenais avec une charmante vieille dame qui me tapait sur les doigts ! Je jouais bien, certes mais pas assez pour devenir la Glenn Gould
féminine !
Et votre "éduction musicale" quand l'avez-vous abordée ?
Les jours de grand vent c'est à dire quand je voyais maman, elle m ‘enmenait aux concerts de jazz et là ce fut "la" découverte. Je me suis mise à écouter beaucoup de musique jazz noir américain avec toujours l’interêt pour le classique.
J’allais aussi souvent chez Patachou, un cabaret où j' ai vu débuter Claude
Nougaro. J’assistais aussi à des concerts notamment ceux de Charles Aznavour pour qui maman écrivait. C'est à cette époque que je me suis prise d’amour pour les textes. Avouez
qu'avec ces exemples il eût été difficile de résister.
Avez-vous un souvenir particulier de cette
époque ?
Oui …une scène importante: j’ai assisté à une répétition d’Edith Piaf chez elle
boulevard Lannes puisque maman lui composait des chansons. Elle m’avait cachée derrière un rideau car la grande Edith n’appréciait pas beaucoup les enfants. Ce fût un moment
inoubliable.
En 1964 Oublie de Pleurer vous propulse au top du hit
parade mais était-ce votre chanson préférée dans votre répertoire ?
A l’âge de dix huit ans, les études ne m’inspirant pas confiance, une amie de ma mère lui a
suggéré l’idée que je pourrais devenir chanteuse. On était en 1963, la pleine période yéyé, le début de l’industrie du disque.
J’ai signé enfin maman a signé pour moi un contrat chez RCA DECCA qui avait pour directeur artistique Jacques Bedos
(l'oncle de Guy ) . Ensuite, il a fallu me trouver un nom et comme je posais pour la voiture Simca mille je me suis appelée… Marianne Mille !
Parallèlement , j’ ai dû « travailler » sur mon look : régime, nouvelle coiffure et me chercher
un répertoire .Jacques Bedos m’a fait écouter des chansons américaines notament Every day I have to cry some chantée par Dusty Springfield . J’ai adorée la chanson, nous l’avons adaptée et
elle est devenue en français Oublie de pleurer. Vous connaissez la suite.
Quel souvenir gardez-vous de ces années ?
Franchement je n’en ai pas un très bon souvenir. D’abord on me dit que je dois me teindre en
blonde que c’est plus joli à l’image ect... je résiste….Je fais beaucoup de galas ainsi qu ’ une grande tournée avec Alain Barrière, les Surfs, je passe à l’Olympia, j’ai ma photo dans Salut les
copains photographiée par Jean-Marie Périer, la totale !
Johnny Starck
s’intéresse à moi, m’invite à diner dans un grand restaurant bref tout ca ne me plaît pas trop ! J’ai conscience que je deviens un produit et qu’on me presse comme un citron .Je refuse
Starck, je me rebelle d’autant que mon argent est bloqué, et je n’aime pas les chansons qu’on me propose. J’ai envie de textes.
Au fil du temps mes disques se vendent moins ,mon contrat est rompu et je me retrouve sans maison de disques et
sans argent. Affronter le Star System n’était vraiment pas mon truc !
Quels sont vos goûts musicaux aujourd'hui ?
Aujourd’hui j’écoute toujours de la musique classique, du jazz ,du blues, de la soul music
et de la musique indienne classique. Beaucoup de musiques du monde notamment la musique espagnole classique et du Flamenco. J’adore
Paco de Lucia.
La musique est essentielle dans la vie .Je ne sais si elle nous rend
heureux mais elle nous fait du bien.
Comme Julia Roberts dans le film "Mange, prie, aime " vous avez fait une retraite spirituelle dans un ashram, la musique y avait -
elle sa place ?
A l’ashram où je suis restée un an, il y avait de la musique bien sûr mais plutôt des chants
dédiés aux divinités. Quant à la méditation il est évident que cela m’apporte beaucoup mais ma recherche intérieure est plus personnelle plus intime. Cela fait longtemps que je suis
un cheminement .J’avais 20 ans quand je me suis intéressée à la spiritualité et je continue…le parcours est long.
En 2007 vous crée une école de musique "Ateliers de chant Marianne Mille " Etait-ce un projet que vous aviez à coeur depuis
longtemps ?
J’ai crée des Ateliers de Chant quand je me suis installée à Montreuil mais je donnais des
cours avant . J'ai aussi participé à plusieurs émissions de télévision en tant que coach vocal. Aujourd’hui je continue les ateliers et je fais des groupes vocaux avec une partie production
de spectacle .Vous voyez la musique ne m’a jamais quittée !
Votre fils Benjamin a -t-il suivi la voie de ces parents et grands parents ?
Non il n’a pas voulu "faire chanteur ni musicien"
il est dans la politique….. Et moi finalement avec le recul je me dis que j'aurais aimé être danseuse
de Flamenco!